Saviez-vous qu’il y a eu, au niveau de l’activité des avalanches, 57 avalanches naturelles qui ont été rapportées ou observées pendant la saison 2021-22? Il y a eu également 33 avalanches déclenchées par des skieurs qui ont été rapportées. Heureusement, aucune n’ayant résulté en blessures majeures ou décès. L’indice de danger a été élevé à six reprises au cours de cette même saison, principalement dans la bande d’altitude alpine. La plupart de celle-ci ont été observées en Gaspésie, mais elles peuvent aussi bien se produire dans les Laurentides, les Groulx, Mont Valin ou encore dans le parc des grands jardins.
Saviez-vous aussi que le Québec est doté d’un centre d’avalanche? Eh bien oui, depuis 1999. Celui-ci est basé à Ste-Anne-des-Monts en Gaspésie tout près des Chic-Chocs. Il est d’ailleurs le seul dans l’est du pays. Avec de pareilles montagnes à proximité, on se doute bien pourquoi. La douzaine de membres actifs de ce centre se sont donné comme mission d’instruire, sensibiliser et former les usagers du secteur aux risques d’avalanche qui peuvent survenir lors d’une sortie dans ces secteurs. Celles-ci peuvent subsister du début de l’hiver à jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de neige, si de fortes accumulations ont eu lieu pendant la saison hivernale. Alors, tant qu’à profiter de ces terrains de jeu, il me semble qu’être bien informé avant de prendre les sentiers ne peut qu’améliorer ses chances d’éviter le pire.
J’ai eu le grand plaisir de discuter avec l’un des membres d’Avalanche Québec, Anthony Fontaine, qui agit en tant que technicien avalanche. Très généreux de son temps, il a eu la patience de répondre à mes questions que je vous partage à l’instant.
SB : Allo Anthony! Quel sont les signes avant-coureurs ou le type de terrain susceptible de créer une avalanche?
AF : En fait, tout terrain dégagé, présentant un angle entre 30 et 45 degrés, une bonne accumulation de neige devenant instable, sera susceptible d’engendrer une avalanche. Mais il faudra d’autres facteurs pour en déclencher une comme un élément déclencheur, en l’occurrence l’humain.
Crédit photo Avalanche Québec
SB: Quel type de neige est nécessaire pour déclencher une avalanche?
AF: Le manteau neigeux est en constante évolution. De la neige légère et sèche peu créer une avalanche de neige sans cohésion à départ ponctuel. Dès que la zone présente un plan de glissement crouté ou glacé et qu’il y a une couche fragile présente sous forme de givre de surface ou de grains à face planes (granuleux et sans cohésion) sous l’accumulation de neige, le potentiel qu’il y ait des avalanches de plaques est atteint. Il ne faut pas oublier que comme c’est une science imprécise, il est difficile de déterminer quand, comment et pourquoi une telle avalanche peu se déclencher.
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SB : Aurais-tu un conseil à donner aux usagers de ce type de terrain?
AF : Le mieux avant de prendre le chemin de la montagne est de s’informer des conditions météo qui peuvent se dégrader rapidement, de prendre connaissance du bulletin avalanche et d’avoir son kit avalanche et de savoir s’en servir. C’est l’équipement de base de trois pièces. Une pelle à neige avec un manche télescopique, en métal et en deux pièces. Une sonde qui est en fait une perche déployable entre 2,40 et 3,50 mètres et le DVA. Le DVA est le détecteur de victime avalanche. C’est un émetteur/récepteur qui permettra éventuellement de se faire repérer sous la neige ou de repérer quelqu’un sous le couvert neigeux. Ces équipements peuvent couter entre 350$ et 550$ au total.
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SB : La grande question, je suis entrain de profiter pleinement de la glisse de mes skis et soudainement le sol se dérobe sous mes pieds. Comment dois-je réagir face à une possibilité de me faire ensevelir par une avalanche?
AF : À ce moment, si vous êtes encore sur vos skis, le mieux est de tenter d’atteindre la partie extérieure de celle-ci afin d’éviter d’être enseveli. Si vous êtes près de la couronne de l’avalanche c’est-à-dire tout en haut de celle-ci. Vous pourriez tenter de vous accrocher à la paroi encore stable du fond neigeux, donc, s’ancrer au sol avec vos bâtons par exemple (tel un piolet) afin d’éviter d’être aspiré par la neige qui dévale la pente. Retirer ses skis si possibles.
SB : et si on ne peut s’en sortir?
AF : Il faut nager vers le haut, se débattre tout comme on le ferait dans l’eau afin d’être le plus en surface possible. Et avant que le tout s’arrête et se compacte, se couvrir le visage pour protéger ses voies respiratoires. Il existe des sacs à dos déployables qui peuvent être considérés comme l’équivalent d’une veste de flottaison individuelle qui peuvent aider dans cette situation. Mais ça reste onéreux comme équipement. Cet équipement ne remplacera toutefois, en aucun cas, les connaissances; il pourrait également nous donner un faux sentiment de sécurité, ainsi nous faire prendre des risques inutiles.
SB : Et si c’est un ami que je vois disparaitre devant mes yeux. Comment dois-je réagir?
AF : Il faut le regarder et marquer le dernier point où celui-ci a été vu, ce réflexe réduit considérablement la zone de recherche. C’est à partir de ce point que vont pouvoir commencer les recherches par tous les gens disponibles sur le terrain. Une vie est en jeu et le temps presse. Le sauvetage autonome se réalise avec l’équipement de base pour faire face à cette situation.
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SB : On retrouve de plus en plus de vêtements ayant une puce Recco incorporé à certain endroit spécifique tel que les manches et les poches. Est-ce que ça peut être utile pour ce genre de recherche?
AF : Pas pour l’usager qui recherche un ami. Cependant, si une équipe de sauvetage professionnelle est en possession de l’équipement nécessaire au repérage de ce type de puce, ça ne peut qu’être bénéfique dans la situation. Ce type de système est très pratique pour trouver une personne égarée dans la nature. Dans le domaine des avalanches, il servira plus à trouver une personne n’ayant pas de DVA et fort probablement une personne décédée.
SB : Pour terminer Anthony, aurais-tu un conseil à donner aux usagers qui gravitent sur les terrains montagneux?
AF : Je crois que quelqu’un qui profite à fond de de ce type de terrain devrait prévoir ses sorties en fonction de la météo. Donc s’informer des prévisions météo, du bulletin avalanche, d’être bien équipé pour faire face à toute éventualité sur le terrain et d’avoir une formation afin de naviguer en terrain avalancheux le plus sécuritairement possible. Idéalement, toute personne ne devrait jamais s’aventurer seul dans ce type de terrain et d’avoir averti au préalable un proche devenant notre ange-gardien, du secteur et de sa sortie en montagne.
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https://avalanchequebec.ca/education/#formations-publiques
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